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Veja

Une marque exemplaire qui a fait du chemin

Derrière les baskets Veja se cache une belle âme : un projet responsable et éthique qui fait travailler des producteurs de caoutchouc en Amazonie et de coton agrobiologique au Brésil. Ses fondateurs Sébastien Kopp et Ghislain Morillion peuvent s’enorgueillir d’avoir non seulement été précurseurs sur le marché de la mode mais également d’avoir réussi à communiquer sur les valeurs fondamentales de leur marque. Rencontre avec Sébastien, un co-fondateur intarissable sur son aventure.

 

 

Sébastien Kopp et Ghislain Morillon, fondateurs de Veja

Bio.

Avant d’être associés, Sébastien et Ghislain sont avant tout des amis. C’est en auditionnant les majors du marché et en voyageant au cœur de l’Amazonie que le projet Veja a éclos en 2005.

 

Comment l’aventure Veja a-t-elle commencé ?

L’aventure Veja, c’est avant tout l’histoire de notre amitié entre mon associé Ghislain et moi. Nous avons voyagé à travers le monde durant un an pour auditionner des grandes firmes internationales sur leur politique RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et nous étions déçus par la décorrélation qui existait entre les paroles et les vraies actions menées sur le terrain. C’est ainsi qu’en 2005, à l’âge de 25 ans, nous avons rencontré des communautés qui produisaient du caoutchouc en pleine forêt amazonienne et du coton agrobiologique dans le nord-est du Brésil. Nous sommes restés plusieurs mois pour tisser de vrais liens avec elles. C’était un sacré challenge de repenser entièrement la production d’un produit de grande consommation comme la basket. Notre idée était d’investir les budgets habituellement utilisés pour le marketing et la communication dans des matières premières naturelles, l’éthique, tout en polluant moins et en préservant la forêt amazonienne. C’est finalement les rencontres et l’envie qui changent la donne. Nous avons eu de la chance que les boutiques de baskets et les grands magasins nous fassent rapidement confiance car cela nous a lancé.

 

Pourquoi ce nom Veja ?

Veja signifie « regarde » en brésilien. Regarde le design de la basket mais regarde surtout comment elle est produite, avec quels matériaux et dans quelles conditions. On essaie de faire évoluer les mentalités et de provoquer des prises de conscience.

 

Coton agrobiologique

 

Comment Veja est-elle devenue l’une des marques éthiques les plus en vue du marché ?

Notre atout, c’est le projet qui est derrière la basket. En sourçant nous même les matières premières et en déconstruisant totalement la chaîne de fabrication des baskets, nous avons offert à notre marque une identité très forte. Notre force est de parler à tout le monde de la même façon. Comme je vous le disais, on a eu la chance que les magasins nous suivent. Aujourd’hui, plus de 1500 boutiques nous font confiance à travers le monde et notre notoriété ne cesse de s’accroître surtout aux USA. On sélectionne toujours des personnes ou des projets que nous aimons, cela nous a permis de faire les bons choix et d’avancer dans le bon sens.

 

Qu’est-ce qui vous différencie des grandes majors du marché du sneaker ? 

Le point fort de Veja, c’est l’amitié qui nous lie. Plus qu’une entreprise, Veja est la vie que nous nous sommes créée. Une vie exigeante mais ponctuée de rencontres, de voyages, avec son lot de désillusions et d’échecs. On essaie toujours d’être bienveillant l’un avec l’autre même quand on fait des erreurs. On est toujours dans un esprit de résolution des problèmes. Malgré une croissance organique, on essaie toujours de prendre notre temps pour surmonter les obstacles. Nous dépendons de la production de nos matières premières, du coup on est obligé d’être raisonnable.

 

récolte du caoutchouc au Brésil

 

Qu’est-ce qui a changé dans la consommation ?

La conscience globale a beaucoup évolué depuis nos débuts. Lorsque nous avons lancé Veja, personne n’y croyait vraiment. On nous traitait même parfois de fous ! Le public, les médias et même la mode ne s’intéressaient pas beaucoup à l’écologie et à la justice sociale. Le développement d’internet et les différents scandales comme l’effondrement du Rana Plaza ont changé la perception des consommateurs et les marques commencent à faire bouger les lignes. On a donné l’exemple et de nombreux acteurs de la mode aimeraient faire la même chose. Les années où l’on nous regardait avec des sourires moqueurs sont définitivement révolues. Aujourd’hui, de grands designers nous appellent pour nous demander conseil ou pour collaborer. Ils ont réalisé le travail que nous avons fourni sur le terrain pour en arriver là. Le bio, la fabrication, la production, les paradis fiscaux, la transparence, les pesticides, les conditions de travail, la justice sociale, tout est lié ! L’industrie de la mode telle que nous l’avons connue dans le passé est obsolète.

 

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Nous avons un studio Veja à Paris où nous créons le design de nos baskets. L’inspiration vient de partout, de la rue, du métro, des voyages. Nous avons appris à l’identifier, à la décrypter et à lui donner vie.

 

Qui sont vos muses ?

L’énergie des gens, les projets qui se montent, notre envie insatiable et notre volonté inébranlable.

 

Comment la marque évolue t- elle ?

Veja sera toujours un projet avant d’être un label. Nous innovons et cherchons des solutions sans cesse afin d’améliorer à la fois le design et les matières qui composent nos baskets. Depuis 5 ans, on s’internationalise rapidement. On vient, par exemple, d’ouvrir un pop up corner nous sommes vendus dans 45 pays, nous avons 70 employés à Paris ainsi qu’au Brésil et nous faisons travailler 300 familles de producteurs et 200 personnes en réinsertion grâce à Ateliers Sans Frontières qui assure notre logistique.

 

 

Quelles sont vos actualités fortes cette saison ?

Début mars, nous mettons en ligne notre nouveau site web qui va très loin dans la transparence : nous dévoilerons beaucoup de choses sur Veja comme les tests chimiques, les contrats avec les producteurs de coton bio, nos salaires… Nous lançons aussi une nouvelle collaboration mi-mars avec la maison Deyrolle.

 

Qu’est-ce qui vous fait vibrer ?

Nos journées sont toutes différentes. Entre nos bureaux de Bastille, nos voyages au Brésil et nos histoires de production, nous sommes toujours dans le réel et c’est captivant. C’est génial de voir l’équipe Veja grandir et ses membres s’épanouir grâce à leurs talents et leurs qualités.

 

Quel est le plus beau compliment que l’on vous ait fait ?

On ne court pas après les compliments mais quand une jeune-fille me dit : « merci, vous m’avez permis de croire à mon projet et de le développer », ça me fait vraiment plaisir car cela signifie qu’on est devenu une source d’inspiration.

 

Comment voyez-vous l’évolution de votre marque à 5 ans ?

Nous ne parlons jamais des projets de Veja avant de les avoir réalisés mais je peux vous dire d’ores et déjà qu’il y aura plus de matériaux techniques, de nouveaux modèles et de collaborations surprenantes.

 

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Amélie Fontaine

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Amélie Fontaine

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