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Beauté

Les stéréotypes ont la dent dure

Il paraît que la vraie beauté serait intérieure… Alors comment expliquer que l’apparence physique joue un tel rôle dans de nombreuses sphères de la vie sociale ? Il faut bien se l’avouer, la beauté peut être un sésame, mais rend-elle automatiquement heureux ?

too 41 dossier société beaux et moches
Getty Images/iStockphoto

Sois belle et tais-toi !

Les gens beaux sont souvent pris pour des coquilles vides narcissiques et les gens laids pour des personnes pleines de résilience qui comblent leur disharmonie physique par une gentillesse réconfortante.

D’un côté, la beauté physique se fane, suscite la jalousie et exige un travail pour la conserver tel un trésor. De l’autre, la beauté intérieure est durable et s’épanouit avec le temps. Quand l’apparence, belle ou laide, est immédiatement jaugée, la beauté intérieure, elle, s’évalue dans la durée.

A l’ère où tout est motif à selfie et la mise en scène du quotidien fait l’objet d’un culte, la beauté est devenue un véritable sacerdoce ; une quête sans fin qu’on obtient en trichant à coup de filtres, de retouches et de moues tout sauf naturelles. Pour les moches, l’idéalisation de soi sur la Toile est bien plus compliquée dans la mesure où aucune photo ne rendra facilement hommage à leur générosité, bonté, finesse d’esprit, bienveillance, ou encore leur sens de l’écoute…

Pourtant, la beauté intérieure est bien la promesse d’une deuxième rencontre à la manière d’une grenouille transformée en prince charmant, une belle surprise qui implique les notions de découverte, de privilège, voire de mystère dévoilé. La société a des modes de fonctionnement décidément bien cruels. L’ouvrage Psychologie des beaux et des moches sous la direction de Jean-François Marmion paru aux éditions Sciences Humaines explique pourquoi et comment les beaux et les moches ne sont pas logés à la même enseigne. Et si la beauté était finalement surévaluée ?

too 41 dossier société beaux et moches
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Grande bouche, mâchoires carrées, etc.

L’attirance que l’on éprouve face à un visage serait assez universelle quels que soient les origines ethniques, le sexe ou l’âge. Les dimensions de certaines composantes de notre minois et certaines formes de visages seraient communément jugées attractives.

Le canon de beauté actuel ? De grands yeux, un petit nez et une grande bouche. Chez la femme, les sourcils fins et hauts, ainsi que les pommettes seyantes seraient particulièrement appréciés, alors que pour l’homme, les sourcils broussailleux et une mâchoire carrée remporteraient tous les suffrages. Une multitude de caractéristiques rentrent ainsi en ligne de compte. La symétrie d’un visage et ses proportions proches de la moyenne de la population seraient des critères de beauté reconnus par l’ensemble des individus. Quant au maquillage et aux vêtements, ils ne seraient que des indicateurs pour situer socialement un individu. Bien sûr, les canons de beauté ont toujours varié suivant les époques et différent selon les cultures. Avec des constantes tout de même : la minceur, la couleur de la peau, la silhouette, les cheveux ou la pilosité. La beauté se référerait donc à une norme, celle de notre époque.

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Beau et gros à la fois ?

Autre paradoxe : les plus beaux sont justement jugés « hors du commun ». Inconsciemment, on aurait également plus d’attentes envers une personne belle en termes d’intentions, de sociabilité et de confiance en soi.

Dans les médias et à la télévision, les beautés évoluent presque toujours dans un environnement de rêve, alors que les moches se cantonnent à un cadre à la banalité déconcertante. Ces derniers subissent donc des stéréotypes beaucoup plus négatifs. Selon plusieurs études menées outre-Atlantique, les personnes gâtées par la nature seraient toujours mieux évaluées au sein des entreprises et des écoles. Les individus en surpoids, par exemple, sont souvent perçus comme faibles de caractère, fainéants, négligents et complaisants envers eux-mêmes. Professionnellement, ils sont jugés comme peu dynamiques, moins compétents et moins productifs. Dans certains milieux même, la grossophobie est devenue acceptable. D’ailleurs, les programmes de télé-réalité n’hésitent pas à multiplier les amalgames. A contre-courant de cette tendance, le body positivisme qui encourage les femmes à s’accepter telles qu’elles sont peine à se faire réellement entendre.

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Un an de ma vie pour un corps de rêve

Certaines époques ont fait l’apologie des rondes et d’autres ont plébiscité la minceur. Il n’en demeure pas moins que la minceur a souvent été associée à l’émancipation féminine et à la liberté de mouvement. Cet « idéal » a toujours taraudé les femmes qui ont la fâcheuse habitude de se comparer les unes aux autres. Moins contemporaine qu’on ne le croit, l’anorexie est d’ailleurs apparue dès le XIIe siècle associée à la religion catholique à travers les saintes jeunantes sur fond de procession et d’adoration.

Si, dans le passé, l’embonpoint a été synonyme d’opulence, la maîtrise de soi et de son assiette est aujourd’hui portée aux nues. Et avec le boom démographique, la surconsommation alimentaire et les problèmes environnementaux, cette tendance ne risque pas de s’inverser. Selon une étude menée auprès de 320 étudiantes par le Centre for Appearance Research de l’université de Bristol en Angleterre, 16 % des jeunes femmes interrogées seraient prêtes à donner un an de leur vie pour avoir un corps de rêve et 10 % d’entre elles plus de cinq ans ! Pour avoir une plastique irréprochable, 13 % d’entre elles seraient d’accord pour renoncer à 5 000 livres de salaire par an, 8 % à une promotion et 7 % à sacrifier leur santé. Enfin, 80 % des étudiantes interrogées voudraient perdre du poids, à raison de 7,3 kg en moyenne.

Elle est belle et lui, il a réussi.

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Les théories évolutionnistes affirment que les critères de beauté ont été établis en fonction de la biologie et de l’espérance de vie des individus, la minceur étant souvent associée à une bonne hygiène de vie.

L’homme chercherait donc de façon inconsciente à s’accoupler avec une femme capable de lui prodiguer des enfants en bonne santé. N’en déplaise aux féministes qui dénoncent le fait que l’apparence physique nuise aux compétences et à la valorisation des talents de la gent féminine… En psychologie sociale, la beauté d’une femme est souvent comparée à la réussite professionnelle d’un homme.

Et les statistiques des sites de rencontre en apportent la preuve : le nombre de clics est proportionnel à la beauté de la photo de profil pour une femme, alors qu’il dépend de la situation professionnelle pour un homme… Et, contrairement aux idées reçues, si les belles femmes épousent des hommes riches, c’est que ceux-ci sont également plus beaux que la moyenne. Encore une fois, les beaux bénéficient sans cesse d’une surévaluation qui les projette indubitablement vers le haut de la pyramide sociale.

Normalisme esthétique des Gafas

Sur les réseaux sociaux, en mettant en ligne notre intimité nous exposons à notre cercle plus ou moins proche les plus belles images de notre quotidien pour qu’il puisse apprécier la saveur de notre vie, son intérêt et son unicité.

C’est ce que Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, appelle l’extimité. Notre intimité, colonisée par la technologie, est sublimée par le normalisme esthétique des Gafas qui ont créé une multitude d’outils qui améliorent nos clichés pour mieux les formater. Ces grandes entreprises américaines ont ainsi industrialisé notre intimité.

Désireux de gagner du temps dans un monde qui va toujours plus vite, nous laissons les applications ad hoc codifier nos messages, sublimer nos photos grâce à des filtres et mettre en forme notre quotidien. Ivre d’une sociabilité devenue compulsive, notre intimité devenue collective peut même être taguée ou likée.

A ce rythme-là, on aura bientôt recours à la chirurgie esthétique pour ressembler à nos avatars sur Instagram… Sans en avoir conscience, nous nous attachons à respecter les codes de la communauté dans laquelle nous évoluons pour nous sentir aimés. Phénomène que décrit le théoricien de l’art et des médias Bertrand Naivin dans le livre de Jean-François Marmion : « Nous faisons de notre quotidien une fiction dont on espère qu’elle rencontrera le plus grand succès numérique possible. C’est la fin du spontané au profit d’une mise en scène totale, l’avènement d’une sociabilité numérique qui trahit une solitude et un déracinement grandissant » .

L’apparence, arme de destruction massive

Selon la professeure de philosophie Claudine Sagaert, depuis le début du XXème siècle, il y a eu une véritable inflation de l’apparence corporelle. Une guerre contre la laideur s’est en quelque sorte engagée.

Les femmes jugées disgracieuses n’ont jamais été aussi discriminées et stigmatisées, comme si elles devaient avoir honte du spectacle qu’elles donnent à voir. Depuis la démocratisation de la chirurgie esthétique et la mode des régimes, la laideur est considérée comme un laisser-aller, voire l’expression d’un mépris de l’autre. Le corps est ainsi devenu une entité ouverte, transformable ou remodelable. Avec l’accroissement de l’espérance de vie, c’est une sorte de capital dont il faut prendre soin, un chantier qu’il faudra remodeler plusieurs fois au cours de sa vie. On nous gave d’ailleurs d’injonctions : « faites du sport », « mangez 5 fruits et légumes par jour », « un esprit sain dans un corps sain », « mangez bio pour être beau ».

Ce mode de fonctionnement condamne ainsi les femmes laides à l’inexistence comme l’explique Claudine Sagaert : « Résumées à leur apparence, les moches finissent elles-mêmes à s’entrevoir comme hideuses. Dans une société normée avide de beauté, l’apparence devient alors une arme de destruction massive pour l’estime de soi. Il suffirait pourtant de s’ouvrir à d’autres critères de beauté pour voir derrière chaque disharmonie, charme ou signe distinctif attachant. Heureusement l’illusion positive est l’une des clés de réussite des couples ». Ainsi, au sein du couple, de nombreux partenaires sous-estiment leur beauté et surestiment celle de leur conjoint créant, par ce dysfonctionnement, un équilibre et une sécurité affective nécessaires à l’épanouissement. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas toujours les personnes les plus belles qui reçoivent le plus d’amour, mais celles qui sont idéalisées par leur moitié.

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